Un Dieu avec lequel être seul 

Transformez-vous, je vous en conjure ! 

Origène.

 

« Même si le christianisme ouvrait ses portes aux femmes, aux esclaves et aux marginaux, il ne s’agissait pas d’un mouvement des déshérités, mais d’une avant-garde culturelle qui recueillait un soutien populaire.

C’est justement ce qui le rendait si dangereux aux yeux des gardiens de l’ordre ancien. Une secte ésotérique ou un mouvement de protestation agissant aux marges de la société pouvait être annihilé par la terreur, mais la pensée chrétienne avait des racines sociales et psychologiques plus profondes. Elle reflétait une nouvelle prise de conscience, largement répandue, du potentiel de croissance et de transformation spirituelles des individus. Le monde païen était un monde tout d’extériorité, où les rites religieux reflétaient leur participation à la vie publique en tant que membres d’une communauté civique traditionnelle. Le christianisme, en revanche, exprimait un nouveau sentiment d’intériorité, la perception d’un espace intérieur au sein duquel l’individu pouvait combattre le démon, communiquer avec  Dieu et découvrir sa propre identité spirituelle. Le message chrétien était profondément séduisant pour le nombre croissant de citoyens romains qui se sentaient frustrés par des rituels publics sclérosés et étaient en quête d’ « un Dieu avec lequel on puisse être seul ». »

Richard E. Rubenstein, Le jour où Jésus devint Dieu. L’ « affaire Arius » ou la grande querelle sur la divinité du Christ au dernier siècle de l’Empire romain, 1999, La Découverte (2004), pp 40-1.

Paméla Ramos

Née en 1980 en France, ancienne libraire, je travaille dans l'édition et la communication. Mes chroniques ici postées sont le reflet de ma passion principale : lire. Elles découlent de choix parfaitement libres et ne sont jamais rémunérées. Lorsqu'un livre m'a été offert, je l'indique.

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