Il n’y a pas de plus grande force que l’amour – R.M. Rilke

«Je pense qu’une personne qui a perdu l’amour ne l’a jamais acquis.» 

Qu’elles constellent ses œuvres en prose ou poésie, ou qu’elles illuminent les lettres qu’il écrivit aux femmes de sa vie, de Merline Klossowska à Lou Andréas-Salomé (dont un passage du recueil rappelle chaque destin et l’ordre de leur apparence dans la vie sentimentale du poète), elles nous dévoilent, rassemblées succintement ainsi, la conception précise que se faisait l’homme, fusionné à l’écrivain, de l’amour.

Celui dont les considérations et consolations sur le deuil, également publiées en Domaine étranger aux Éditions Les Belles Lettres, nous avaient déjà cueillis et réconfortés par sa justesse et sa profondeur de chant, rappelle ici l’immense bonté qui l’irriguait, ce cœur impossible à plagier, pur et loyal, qui se faisait de l’amour l’idée d’un grand travail à ne pas bâcler, à ne pas précipiter, mais auquel au contraire se consacrer pleinement et sérieusement (« sérieux » étant un terme régulier en ces pages).
Chaque page touche et déroute. Rien n’est jamais anodin dans ce qui se trame sous nos yeux.

Et on le croit.
On comprend ses amitiés féminines aussi, car toutes ne furent pas des amantes de chair, on embrasse ses longues distances et ses enflammements subits, et cette solitude farouchement défendue tout au long de sa vie.

Qu’il explique ses vues sur la douleur de la séparation ou celle de l’inutilité de résister à l’appel de l’amour, sur la consommation excessive qu’il condamne ou les délices d’une sexualité qu’il faut, toute une vie, apprendre à maîtriser, il ne sonne jamais décalé, daté : tout est là, tout est vrai, tout est simple.

L’amour, comme la littérature, comme le sacré, comme la fraternité, comme la loyauté, seraient morts, ces derniers temps. Je n’en ai jamais rien cru. Ils veillent pour s’activer entre les bonnes mains.

Tout est dans l’art de s’entourer, avec rareté, fidélité, élection et prudence.

Rilke vous attend.

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📕Rainer Maria Rilke, Il n’y a pas de plus grande force que l’amour
Édition établie, préfacée et annotée par Micha Venaille. Traduction de Micha Venaille avec la collaboration d’Yvette Wiener, Editions Les Belles Lettres, 22 août 2025 en librairie. Ouvrage reçu gracieusement.

Quelques extraits :

Paméla Ramos

Née en 1980 en France, ancienne libraire, je travaille dans l'édition et la communication. Mes chroniques ici postées sont le reflet de ma passion principale : lire. Elles découlent de choix parfaitement libres et ne sont jamais rémunérées. Lorsqu'un livre m'a été offert, je l'indique.

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